J’avais 28 ans.
Je suis arrivée là avec mes converses roses et mon tee shirt barbapapa bien décidée à ne rien changer malgré le poids des responsabilités.
Je me suis retrouvée à la tête d’une équipe de 20 personnes et responsable de l’accueil quotidien de 66 familles.
Nous étions en 2003.
Je consignais encore les chèques dans de grands cahiers et rentrais chaque jour les présences des enfants dans le Minitel.
C’était une autre époque. J’étais jeune et pleine d’envie de bien faire.
Je croyais fermement en l’humain. J’ai appris le métier à force d’erreur. J’ai compris les freins et les peurs du changement. J’ai appris à faire ma place auprès des plus récalcitrants. Les autres se faisaient appeler madame. Or de questions. Nous devions être sur le même pied d’égalité. Chacune avec sa mission et des fiches de poste. Mais toutes complémentaires.
Ici j’ai grandi.
Je me suis mariée.
J’ai eu un premier enfant puis un deuxième.
J’ai pris de la distance en même temps que de l’assurance. Être manager c’est un honneur et une grosse responsabilité. Toute une équipe à motiver. Un projet à porter et impulser. On donne le ton. Mon leitmotiv a toujours été de valoriser l’individualité au service du collectif. J’ai toujours essayé de tirer le meilleur des gens, de révéler leur potentialité. Je suis celle qui fait du lien. Je suis aussi l’oreille attentive à chacun, celle qui rassure, celle qui fait une blague pour détendre.
J’ai aimé être manager.
Passionnément.
Infiniment.
Puis le temps a fait son œuvre.
J’ai évolué. J’ai affiné mes goûts et mes dégoûts.
J’ai appris et assume qu’un rond ne rentre pas dans un carré. J’ai fait des nouvelles études. J’ai affiné. J’ai osé rêver à un autre ailleurs.
Le temps a passé.
Voilà 16 ans que tous les matins je me rends dans cette rue.
Le 1er juin j’ai décidé de tenter l’aventure du coaching et j’ai envisagé de partir.
Il y a eu le temps de l’annonce. Le temps des pots de départ.
Le temps des larmes et des mots.
J’ai appris de chacun et chacune d’entre vous. Je me suis nourrie de vos compétences. J’ai tellement aimé vos indépendances.
Aujourd’hui je suis triste et j’ai le coeur lourd. Un peu comme à la fin des vacances. On se promet dès lendemain mais on sait bien que l’histoire prend un peu fin. Rien ne sera plus pareil. Et tout est alors possible. Nous sommes forts de nos échanges, de nos câlins. C’est souvent au moment des départs que l’on réalise. Que tout prend sens.
Demain je vais quitter cette crèche qui m’aura permis de grandir. Je ne viendrais plus fièrement dans ce bâtiment rose. Je ne laisserai plus traîner mes tasses.
J’y laisse un peu de moi un bout de mon âme.
Aujourd’hui je dois prendre mon envol et vivre de nouvelles choses.
Ma vie sera à jamais marquée par ce fameux Edouard Robert.
Merci Monsieur vous aurez marqué ma vie, le temps est venu pour moi de changer de route.
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